Question 1 :

Il a été effectivement démontré que l’activité physique diminue le risque de développer un cancer colo-rectal (1) et un cancer du sein (2). Mais on sait également, sans l’avoir démontré statistiquement sur de grandes études, que l’activité physique diminue le risque de développer un cancer de l’endomètre (3), de la prostate(4) et du poumon (5).

De même il existe de nombreux arguments concordants mais non encore validés scientifiquement que l’activité physique protège des cancers de l’ovaire (6) du rein (7) et du pancréas (8).

Pour d’autres types de cancer comme les lymphomes, les cancers du testicule et de l’estomac , les études sont actuellement peu nombreuses et peu fiables statistiquement pour en déduire une probabilité d’effet préventif de l’activité physique.

Références bibliographiques :

  • Samad AK et al. A meta-analysis of the association of physical activity with reduced risk of colorectal cancer. Colorectal Dis. 2005 ; 7(3) : 204-213
  • Monninkhof EM and al. Physical activity and breast cancer : a systematic review. Epidemiology 2007 ; 18(1) : 137-157
  • Cust A et al. Physical activity and endometrial cancer risk : a review of the current evidence, biologic mechanisms and the quality of physical activity assessment methods. Cancer Causes Control 2007 ; 18(3) ; 243-258
  • Oliveria SA , Lee IM . Is exercise beneficial in the prevention of prostate cancer? Sports Med. 1997 ; 23(5) : 271-278
  • Tardon A et al. Leisure-time physical activity and lung cancer : a meta-analysis. Cancer Causes Control 2005 ; 16(4) : 389-397
  • Patel AV et al. Recreationnal physical activity and sedentary behavior in relation to ovarian cancer risk in a large cohort of US women. J. Epidemiol. 2006 ; 163(8) : 709-716
  • Pan SY et al. Obesity, high energy intake, lack of physical activity and the risk of kidney cancer. Cancer Epidemiol. Biomarkers Prev. 2006 ; 15(12) : 2453-2460
  • Lin Y et al. Obesity, physical activity and the risk of pancreatic cancer in a large Japanese cohort. J. Cancer 2007 ; 120(12) : 2665-2671

 

Question 2:

Il a été mis en évidence, sans validation scientifique définitive à ce jour, que l’activité physique pouvait , après diagnostic et traitement de certains cancers (sein , colorectal), diminuer le risque de récurrence évolutive ou de récidive .

Références bibliographiques:

  • Holmes MD et al. Physical activity and survival after breast cancer diagnosis. JAMA 2005 ; 293(20) : 2479-2486
  • Pierce JP et al. Greater survival after breast cancer in physically active women with high vegetable-fruit intake regardless of obesity. Clin. Oncol. 2007 ; 25(17): 2345-2351

 

Question 3:

Les cancers (notamment du sein et du colon qui sont les mieux évalués relativement au sport) font partie du groupe des maladies chroniques liées à la sédentarité (« diseasome of physical activity ») défini par le physiologiste danois BK PEDERSEN (1).

Questions Cancer et Sport.1

Breast cancer = cancer du sein; Colon cancer = cancer du colon; Type 2 diabetes = diabètes de type 2 (non insulino-dépendant au début); Cardiovascular diseases = maladies cardiovasculaires; Dementia = démences comme la maladie d’Alzheimer

 

La sédentarité ou inactivité physique augmente la capacité du tissu adipeux (la graisse, notamment abdominale) à produire de mauvaises substances chimiques qui créent ainsi un état d’inflammation chronique dans tout l’organisme (comme dans la fièvre mais ici c’est un état permanent et de faible intensité alors que la fièvre pour combattre une infection est de durée brève et l’inflammation est de forte intensité). Cet état inflammatoire chronique augmente la synthèse de facteurs de croissance des tumeurs d’où l’augmentation du risque de cancers. La sédentarité augmente l’agressivité de la graisse . Des corrélations entre obésité et cancer ont ainsi été récemment démontrées.

 Questions Cancer et Sport.2

 

Physical inactivity = inactivité physique(sédentarité); Abdominal adiposity = adiposité abdominale (augmentation de la graisse abdominale); Chronic systemic inflammation = inflammation chronique systémique (dans tout l’organisme).

Référence bibliographique :

(1) PEDERSEN,BK   The diseasome of physical inactivity and the role of myokines in muscle – fat cross talk. J Physiol 2009 , 587.23 : 5559-5568

 

 

Question 4:

Le risque relatif de cancer du sein chez les femmes déclarant au moins 5h par semaine d’activité physique intense est voisin de 0,6 par rapport aux femmes sans activité physique régulière. (à peu près risque diminué de 40%)

Ce bénéfice est même retrouvé chez une femme ayant un IMC (Indice de Masse Corporelle) important, mais uniquement en cas d’activité physique intense (pourcentage d’intensité par rapport au maximum des capacités) et intensive (durée et régularité des entraînements).

Ainsi, au delà des recommandations générales institutionnelles françaises de santé publique qui véhiculent l’image d’une activité physique efficace de faible intensité et de faible durée (30mn par jour) pour cadrer avec l’attente hédoniste de la population sédentaire, se protéger efficacement du cancer par les APS veut dire faire du sport suffisamment longtemps, souvent, et avec des séquences difficiles en essouflement ou en résistance musculaire.

Référence bibliographique:

  • Descotes Jean-Marc , Bouillet Thierry Sport et cancer : état des lieux. Quand la pratique sportive devient une aide pour les personnes touchées par le cancer. Editions Chiron 2012, 167 p

 

Question 5 :

Récemment , il a été démontré que les effets secondaires des traitements anti-cancéreux peuvent persister très longtemps, jusqu’à plusieurs années après que le traitement soit arrêté, mais qu’ils peuvent aussi survenir donc débuter quelques mois voire années après la fin du traitement. Ce sont les effets secondaires chroniques à long terme qui peuvent ainsi limiter, après une phase quasi-normale post-thérapeutique, la capacité à l’effort physique.

La fatigue est l’effet secondaire de la maladie et/ou des traitements le plus souvent déclaré par les patients.

Références bibliographiques:

(1) Spiegel D. Psychosocial aspects of breast cancer treatment. Semin. Oncol. 1997 ; 24(Suppl 1) : S1-36 – S1-47

  • Aziz NM . Cancer survivorship research : state of knowledge, challenges and opportunities. Acta Oncol. 2007 ; 46(4) : 417-432
  • Descotes Jean-Marc , Bouillet Thierry Sport et cancer : état des lieux. Quand la pratique sportive devient une aide pour les personnes touchées par le cancer. Editions Chiron 2012, 167 p

 

Question 6:

La méthode la plus efficace de combattre la fatigue dans le cancer est de pratiquer progressivement une activité physique régulière. Aucun médicament, aucun complément alimentaire n’a cet effet. De même la meilleure prévention de la dépression dans le cancer est de pratiquer régulièrement de l’exercice physique. L’exercice physique régulier est le moyen le plus efficace de préservation de la santé neuro-cérébrale.

Référence bibliographique :

(1) Descotes Jean-Marc , Bouillet Thierry Sport et cancer : état des lieux. Quand la pratique sportive devient une aide pour les personnes touchées par le cancer. Editions Chiron 2012, 167 p

(2) Spiegel D. Psychosocial aspects of breast cancer treatment. Semin. Oncol. 1997 ; 24(Suppl 1) : S1-36 – S1-47

 

Question 7:

Des études validées ont maintenant démontré la sécurité , l’efficacité et la réalisation pratique de l’activité physique pendant et après la phase de traitement.

Il a été démontré que l’activité physique avait pendant la phase de traitement (notamment la chimiothérapie et la radiothérapie) un impact positif sur la composition corporelle (masse maigre, masse grasse, densité osseuse) , la capacité cardio-respiratoire , la performance musculaire, la souplesse, la proprioception, sur les symptômes et les effets secondaires et donc sur la qualité de vie.

De même des études récentes ont montré que l’efficacité des chimiothérapies est améliorée par le sport, de même que l’intensité de leurs effets secondaires est diminuée. Ceci tient à l’amélioration du métabolisme musculaire par l’entraînement.

Références :

  • Schmitz KH et al. Controlled physical activity trials in cancer survivors : a systematic review and meta-analysis. Cancer Epidemiol. Biomarkers Prev. 2005 ; 14(7) : 1588-1595
  • Descotes Jean-Marc , Bouillet Thierry Sport et cancer : état des lieux. Quand la pratique sportive devient une aide pour les personnes touchées par le cancer. Editions Chiron 2012, 167 p

 

Question 8:

 

L’entraînement physique aérobie (marche, vélo, jogging) et le travail de résistance musculaire (renforcement des grands groupes musculaires) ou musculation , s’ils sont bien adaptés aux capacités du patient, sont sans risque pendant et après le traitement anti-cancéreux et permettent une amélioration de l’estime de soi, de la capacité aérobie, du % de masse grasse, de la performance et de la masse musculaire, et de la qualité de vie (limitation des effets secondaires). Pour la musculation adaptée, il est important de s’assurer de l’absence d’effets secondaires osseux de certains traitements, comme l’ostéoporose, qui augmentent le risque de fracture osseuse. (risque augmenté d’ostéoporose en cas par exemple de traitement associé par corticoïdes) . En aucun cas la musculation n’est à proscrire à priori si l’état osseux est satisfaisant, elle est d’ailleurs une prévention efficace de l’ostéoporose en dehors du cancer.

Références :

  • Courneya KS et al. Effects of aerobic and resistance exercise in breast cancer patients receiving adjuvant chemotherapy : a multicenter randomized controlled trial. Clin. Oncol. 2007 ; 25 : 4396-4404
  • Segal RJ et al. Resistance exercise in men receiving androgen deprivation therapy for prostate cancer. Clin. Oncol. 2003 ; 21(9) : 1653-1659
  • Daley AJ et al. Randomized trial of exercise therapy in women treated for breast cancer. Clin. Oncol. 2007 ; 25(13) : 1713-1721

 

Question 9:

 

De nombreuses études ont montré qu’il est tout à fait possible chez le patient cancéreux de faire des séances de travail intermittent avec une succession de répétitions de travail court et de pauses de récupération (interval training). Ceci permet de faire travailler le sujet suffisamment longtemps (au-delà de 20-30 min) à des intensités plus élevées que sur un travail continu, avec une bonne tolérance.

Ceci est valable aussi bien pour le travail aérobie et le renforcement musculaire.

On peut ainsi obtenir une augmentation plus importante des capacités cardio-respiratoires et musculaires , un meilleur impact sur la modification de composition corporelle ainsi qu’une diminution significative de la durée d’hospitalisation. Ceci a été démontré chez des patients en préparation à la chirurgie, pendant la phase de chimiothérapie et même immédiatement après une transplantation de moelle osseuse hématogène pour chimiothérapie intensive.

Le travail musculaire analytique (par groupe musculaire) ou musculation doit être progressif avec travail intermittent et phases de récupération adaptées. Il est indispensable pour combattre efficacement le déconditionnement musculaire majeur (assez fréquent dans certains cancers) ou le prévenir.

Références bibliographiques:

  • Jones LW et al. Effects of presurgical exercise training on cardiorespiratory fitness among patient undergoing thoracic surgery for malignant lung lesions. Cancer 2007 ; 110(3) : 590-598
  • Mac Vicar MG, Winningham ML . Response of cancer patients on chemotherapy to a supervised exercise program. Cancer Bull. 1986 ; 13 : 265-274
  • Mock V et al. A nursing rehabilitation program for women with breast cancer receiving adjuvant chemotherapy. Nurs. Forum 1994 ; 21(5) : 899-907
  • Dimeo FC et al. Aerobic exercise in the rehabilitation of cancer patients after high dose of chemotherapy and autologous peripheral stem cell transplantation. Cancer 1997 ; 79(9) : 1717-1722
    Dimeo FC et al. Effects of physical activity on the fatigue and psychologic status of cancer patients during chemotherapy. Cancer 1999 ; 85(10) : 2273

 

Question 10:

Une étude multicentrique de référence, de grande échelle (242 patients), sur des patientes opérées de cancer du sein avec curage ganglionnaire et chimiothérapie adjuvante, a montré que le travail aérobie et de renforcement musculaire global (haut et bas du corps) n’est pas un facteur décisif de lymphoedème du bras ou de tout autre effet secondaire défavorable.

Référence :

  • Courneya KS et al. Effects of aerobic and resistance exercise in breast cancer patients receiving adjuvant chemotherapy. A multicenter randomized controlled trial. J. Clin. Oncol. 2007 ; 25 : 4396-4404

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